samedi 19 février 2011

Idées révolutionnaires pour la post révolution


La politique et l’économie :

Pour recourir à une analogie, on peut dire que la politique est le système nerveux de toute nation alors que l’économie équivaut au système cardiovasculaire. Il s vont de pairs pour rendre le corps national fonctionnel et viable. Dans la Tunisie postrévolutionnaire ces deux domaines vitaux de la vie publique sont à reconstruire après tout le tord causé par la dictature que ce soit sous son mode improvisation & essaie-erreur dans l’ère de Bourguiba ou son mode mafieux & clientéliste du dictateur en fuite. Mais sur quelles bases éthiques et quels principes directeurs, cette reconstruction serait-elle à faire?

2.1- La suprématie de la politique sur l’économique

L’économie et l’art de créer la richesse, cependant elle ne souci point de sa distribution. Cette dernière est le propre de la politique. Ce qui est dangereux dans l’économie est et qu’elle est amorale. Il faut bien comprendre qu’«amorale» veut dire qu’elle n’a ni de considération ni de souci de la morale. Ceci diffère grandement du fait d’être immoral. L’amoralité est plus dangereuse que l’immoralité selon les dires du penseur canadien John Russel Saul: «dans l’immoral il y a le sentiment de culpabilité et de repenti alors que dans l’aspect amoral il y a la froideur, l’obstination et la persévérance dans l’indifférence».
Il faut laisser les économistes faire leur travail certes, et ils sont bien outillés pour ça. Il faudrait cependant, que le politique dont le souci est le bien-être collectif, aient toujours la haute main. Le contraire ramènera la Tunisie postrévolutionnaire à la case de départ. L’absence de tout mécanisme de contrôle démocratique facilitera la corruption de la classe politique et transformera d’un distributeur juste de la richesse à un usurpateur de cette même richesse. Heureusement que nous n’avons pas à réinventer la roue, car les modèles à suivre existent bel et bien. Il faut juste ouvrir ses horizons.

2.2- La fin de la collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir économique

S’il y a un ménage à éviter dans la Tunisie postrévolutionnaire, c’est celui qui était établi entre la famille/pègre et les rouages de l’économie nationale, transformée sous le joug de la dictature à une économie privée sous des bannières de faux libéralisme économique(1). Il faut que la constitution et les lois établissent des règles claires de contrôle de richesse et limitent voire éliminent toute collusion possible entre les détenteurs de capitaux et les décideurs politiques dont la légitimité émane d’une représentation démocratique. Il n’y a pas que les trois pouvoirs classiques qui sont à séparer, mais en plus et surtout celui des centres de pouvoirs politiques versus économiques. L’exercice de la politique ne doit plus devenir un prétexte d’enrichissement personnel et couper court à la culture arriviste développée pendant les derniers 55 ans selon laquelle il faut passer par les maillons du pouvoir/parti pour faire des affaires, gravir des échelons, etc. Les hommes politiques doivent se valoriser par le pouvoir que le peuple leur confère pour le représenter et parler en son nom pour une duré déterminé et non leur proximité du parti/individu représentant d’un pouvoir illégitime conquis par la ruse, la force et tout autre artifice antidémocratique tel que connu jusqu’à maintenant.

2.3- La libre entreprise? OUI … mais pour une entreprise citoyenne.

Je ne pense pas que le modèle capitaliste libéral est mis en cause en termes de division de secteur entre privé et public. Il n y pas encore de modèles alternatifs capables de tenir la route. Cependant, beaucoup ignorent qu’il n’y a pas un seul modèle de libéralisme, mais plusieurs. Le capitalisme allemand ou suédois n’a rien à voir avec le capitalisme américain ou canadien. La libre entreprise doit être encouragée, mais basée sur le principe de l’égalité des chances, la créativité et la compétition à chances égales. La tunisie doit cesser d’être une république couscoussière comme la dictature lui a voulu qu’elle soit. Il faut donner à la jeunesse la possibilité d’inventer prendre des risques et ceci se fait dès leur accompagnement dans leurs études et formation. En fait, l’encouragement à l’entrepreneuriat instauré par la dictature et sa banque de solidarité n’est qu’une échappatoire qui a fini vite par se boucher et exploser. L’esprit de l’assistanat doit disparaitre à tous les niveaux : gouvernemental, entrepreneurial et individuel. Cette jeunesse qui a réalisé la première révolution facebookienne au monde est bien capable de créer de nouvelles formes d’entreprenariat dans des domaines inusités si l’encadrement et l’égalité d’accès aux ressources et fournit. L’entreprise citoyenne doit assumer son rôle sur les plans écologique et social en se basant sur les théories des parties prenantes «stakeholder theory» et non sur le droit acquis au vu et au su de tous «Stockholder therory». La théorie des parties prenantes n’est en fait qu’un contrat social entre l’entité économique et la collectivité selon lequel cette dernière permet à la première d’exploiter les ressources naturelles, informationnelles, énergétiques et humaines parce que c’est la forme d’organisation la plus efficace pour le faire. En contrepartie, elle doit restituer à la collectivité le fruit de ce permis d’exploitation sous plusieurs formes qui ne se limitent pas aux salaires versés et aux impôts payés. Une entreprise citoyenne est alors responsable de retourner une partie de son bénéfice à la collectivité qui l’a laissée réaliser ses gains. Enfreindre cette règle équivaut à un bris de ce contrat social qui lie les deux parties. L’État, l'ayant cause de cette collectivité, serait en droit de retirer son permis d’exploitation pour le céder à d’autres entrepreneurs susceptibles de respecter les règles du jeu

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